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    Article rédigé par Lightvador
     

    La Saga IBM révélations - article n°2

    Dans le 1er article, nous avons vu un état des lieux sur les suppressions d’emploi et les baisses de salaire à IBM France. Ne croyez pas que les américains sont mieux logés. Ils sont aussi mal traités, voir même pire, du moins pire qu’en France où nous avons encore certaines protections juridiques. Exemple concret :

    L’événement se passe en 1985 à Poughkeepsie (1h30 en voiture de New-York). Poughkeepsie était une « ville » IBM, avec usine, laboratoires de recherche et de tests, centre de formation et de support international ... IBM Corporation a ouvert le centre de Poughkeepsie dans l’Etat de New-York en 1951.

    Entre 1983 et 1991, IBM Poughkeepsie a perdu 4.000 employés. Ceci a eu un impact dramatique sur cette contrée où chaque famille avait au moins une personne travaillant chez IBM. Les suppressions d’emplois ont continué et continuent encore de nos jours. Mais le plus grave est la façon dont les suppressions d’emplois se sont effectuées, pas toutes aussi durement que celle dont j’ai été témoin car il y a eu trop d’échos négatifs sur la renommée de Big Blue à l’intérieur de tous les centres IBM dans tous les pays où IBM est implanté. Et donc cela a rendu plus difficile les plans dits sociaux de licenciements économiques alors que la compagnie a toujours fait des bénéfices et continue à en faire comme vous avez pu le voir dans l’article n°1.

    Donc, un matin comme tous les autres, normal, les employés se rendent à leur travail et tentent d’entrer dans leur bâtiment avec leur badge magnétisé avec un niveau d’entrée suivant le niveau accrédité à leurs connaissances. Et, étonnement général, certains ne peuvent entrer, leur badge leur refuse l’accés. Comme chaque employé formé par la Compagnie à la sécurité dans tout local IBM, si une personne se trouve près de vous lors du passage à la porte-lecteur de badge, votre badge ouvre la porte, vous entrez et vous refermez la porte même si vous connaissez cette personne. Vous ne devez en aucun cas laisser passer quelqu’un avec votre badge, même si la personne vous montre son badge, même si c’est votre meilleur ami ou votre manager. Vous ne pouvez savoir si son niveau d’accréditation à ce bâtiment a changé, si la personne a été licenciée depuis que vou sl’avez vu la dernière fois ... Donc, vous passez et fermez la porte au nez du suivant. Sécurité, sécurité ! ! !

    Mais ce matin-là, plusieurs personnes à chaque porte des différents bâtiments se voient refuser l’entrée et une personne du service de sécurité leur indique de se rendre au bâtiment où se trouve une salle de réunion comme un amphithéâtre.

    Tous ces gens, hommes et femmes ne comprennent rien et se rendent à la salle réunion. Là, ils peuvent rentrer et leur nom est coché sur une liste. Quand tout ce petit monde est assis, un représentant de la direction leur tient un discours surprenant où ils apprennent que tous les présents dans la salle sont licenciés à partir de cette minute : « licenciement économique » à l’américaine ! Les désormais ex-employés IBM sont atterrés, n’arrivent pas à assimiler cette information. Ils s’étaient levés le matin comme d’habitude pour travailler et gagner leur salaire et voilà qu’en quelques minutes, tout s’écroule autour d’eux. On les remercie pour l’excellent travail fourni jusqu’à ce jour (oups ! ) et on les prie de donner leur badge avant de sortir afin qu’ils ne puissent plus entrer dans aucun bâtiment IBM. Ils reçoivent en retour une attestation de travail et une lettre de licenciement qui leur apprend le montant des indemnités virés sur leur compte. Crises nerveuses chez certains, aucune réaction chez d’autres complètement anéantis par cette nouvelle, quelques mouvements de colère très vite réprimés, en effet au cas ou, tout-à-fait par hasard, une présence policière se trouve sur un des parkings de l’immense terrain occupé par la compagnie. La compagnie, jusqu’à ce jour pratiquait et pratique toujours un « bourrage de crâne » IBM : vous êtes les meilleurs, vous avez une chance inestimable de travailler chez IBM, IBM est une grande famille dans laquelle plus vous travaillez et plus vous êtes récompensé (tant que vous pouvez tenir), ... Pour les américains qui ont l’habitude de changer souvent de travail et de compagnie, « travailler toute leur vie dans la même entreprise » leur a été peu à peu rendu comme une chose nouvelle et trés positive et voilà qu’après avoir modifié leurs paradigmes (idées) et inscrit profondément dans le cerveau comme chose acquise et normale, ces employés fidèles, se trouvent jetés comme des kleenex après usage !

    Il faut savoir qu’à ces débuts jusque dans les années 70, IBM Corporation et toutes les filiales dans le monde avaient des directives trés précises sur le mode de vie d’un IBMer. On entrait à IBM comme au séminaire ; c’était pour la vie ; on devait tous porter : costume sombre, chemise blanche avec cravate y compris les employés des usines, les femmes n’avaient pas le droit de porter des pantalons, pour les cadres, il était tout-à-fait normal de faire un nombre important d’heures supplémentaires sans en demander le paiement, pas de vin dans les restaurants d’entreprise... En contrepartie les IBMers avaient de nombreux avantages sociaux et divertissements gratuits ou presque. On travaillait IBM, on mangeait et buvait IBM, on s’habillait IBM, les esprits étaient façonnés IBM lors de chaque discours ou réunion de travail. Le vin, la tenue vestimentaire se sont libéralisés, mais la base reste.

    Pour en revenir à ce licenciement, le pire exemple parmis tous ceux qui ont eu lieu et qui continuent à se perpétuer, nous pouvons imaginer la détresse de ces employés confrontés sans aucune préparation morale au passage du « super employé IBM » à « rien » !

    Ce type de licenciement inhumain a été pire que ce que vous pourriez pensé, car en France nous avons la chance d’avoir la Sécurité Sociale, même si les remboursements diminuent et surtout une protection juridique pour les licenciements abusifs. Aux Etats-Unis, pas de Sécurité Sociale, mais IBM, Big Blue, grande compagnie, qui offrait une mutuelle plus qu’avantageuse, quasi égale à notre protection sociale (Sécurité sociale + mutuelle compris). Comme beaucoup d’autres sociétés américaines, les employés avaient accés au « Country Club IBM » où vous pouviez pratiquer de nombreux sports gratuitement ou presque, accessibles aux membres et à leur famille et bien d’autres facilités (colonies de vacances, sorties éducatives, .... y compris des prix avantageux sur des produits (même des voitures) dans de nombreux domaines)). Tous ces acquis perdus en quelques minutes, sans pour autant avoir mal travaillé.

    En ce jour fatidique, ces personnes se retrouvent au chômage, sans couverture sociale et avec beaucoup de crédits. Les américains, surtout à cette époque, utilisent tous, beaucoup les crédits, donc non seulement ils n’ont plus de travail, plus de couverture sociale, des crédits, aucune chance de trouver du travail dans la ville de Poughkeepsie, ville IBM ! Seule issue, revendre leur maison, rembourser ce qu’ils peuvent de leurs crédits, déménager dans une autre ville susceptible de leur fournir un travail... Toute une vie à recommencer !

    Après cette journée mémorable, il y eut des suicides, des dépressions, des divorces. Oh, pas immédiatement, les difficultés rencontrées à retrouver du travail, difficultés à se payer une nouvelle couverture sociale les a peu à peu détruits. Heureusement quelques-uns s’en sont sortis, mais avec beaucoup de difficultés et beaucoup de temps.

    Voilà un exemple des décisions et du respect que Big Blue accorde aux êtres humains en général. Mais cela vous ne l’avez lu nul part, aucun média n’en a parlé alors que même aujourd’hui en France comme aux US il est possible de lire le nombre d’emplois offerts en 2010 par cette formidable compagnie qu’est IBM Corporation.

    Un détail : pour beaucoup d’IBM’ers, IBM signifiait I’m been moved : j’ai été décentralisé, car votre contrat d’emploi mentionnait et mentionne toujours l’éventualité d’être muté dans divers centres IBM à l’autre bout du pays où vous travaillez.

     

    A bientôt pour la suite de la saga d’IBM, d’autres articles se préparent :

    - Exemple concret d’une tentacule dans le domaine financier, IBM possède les plus grandes banques mondiales ou a un pouvoir décisionnaire, ce qui revient au même !

    - Exemple concret de l’implication d’IBM lors d’élection présidentielle de pays dans les divers continents !

    - Exemple concret d’une tentacule terrible, celle du domaine militaire avec ses ventes d’armes, ses recherches et ses tests réels dans des pays déstabilisés ou en guerre perpétuelle comme certains pays africains !

    - Exemple concret de l’implication d’IBM dans la dernière guerre mondiale 1940-44 !

     

    Rédaction : Lightvador 

     

    A lire aussi: La Saga IBM révélations /part.1

     

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